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La base Arolsen

Les Arolsen Archives regroupent les dossiers des victimes du Nazisme. Si tous les dossiers ne sont pas numérisés, il est possible d’en consulter une grande partie sur le site :
https://arolsen-archives.org/fr/ .
Voici quelques exemples de documents, parmi les 26 millions en ligne : un inventaire des effets à l’arrivée du prisonnier, un ordre de paiement, une fiche d’identité avec une photo.


Ordre de paiement de 15 Reichsmark de Mme Besnier à Evron en Mayenne pour son mari Robert Besnier emprisonné au camp de Buchenwald à Weimar. En haut à droite figure la date de dépôt (20 mars 1944), en bas à gauche la date de réception le 05 avril 1944. Dans la partie centrale au crayon de papier est inscrit la date du départ de Robert Besnier pour Lublin en Pologne : le 6 février 1944. Il y décède le 18 février suivant.

Robert Besnier, Roger Mauduit et son fils Bertrand Mauduit étaient des résistants mayennais.
Le 14 juillet 1941, Bertrand Mauduit et Robert Besnier avec d’autres camarades ont hissé les drapeaux français et anglais sur le mat de la Kommandantur à Evron. Sur le mur de l’actuelle Caisse d’Epargne d’Evron (53), où se situait la Kommandantur, deux plaques commémorent l’acte des jeunes gens des FFI (Forces Française de l’Intérieur), deux d’entre eux mourront en déportation en 1944 :

 » A la mémoire
de Robert Besnier et Pierre Lesaint
morts en déportation
à Lubin en Pologne
pour avoir sous l’occupation allemande
le 14 juillet 1941
manifesté en ce lieu
leurs sentiments patriotiques »

Les déportés inscrits sur le monument aux Morts de la commune d’Evron, figurent dans la base Arolsen :
Robert Besnier, né à Laval, avait 32 ans.
Pierre Lesaint, né à Saint-Léger, avait 20 ans.
Joseph Lambert, né à Saint-Christophe-du-Luat, avait 54 ans.
Roger Mauduit, né au Mans, avait 55 ans.
Georges Rouyer, né à Paris, avait 23 ans.

Traduction : Alice et Lucie Dionnet

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Qui étaient ces soldats morts pour la Patrie?

Le monument aux morts de la guerre de 1870-1871 est situé dans le cimetière d’Anor. Inauguré le 14 juillet 1894, il rend hommage aux 21 jeunes gens du village, morts pour la patrie pendant le conflit.

ALVEDIN Edmond
ARRANDA Joseph
BRUN Hector
CAMPIN Jean-Baptiste
COLOMBET César Joseph
DANIS César
DAMPERONT Aimé Augustin
DARGENT Gustave
BOUDART Ernest Camille
Marcel LENOIR
Adrien DAUBERCIES
André LABALOUE

ALVEDIN Edmond Emile :
Né en 1845, fils d’Émile et de Hyacinthe Wilbert. Il est fileur de laine. En 1866, il vit rue de lahaut à Wignehies avec sa compagne Marie Joséphine Irma Georges ouvrière en filature et leur fille Irma. Il décède le 27 novembre1870 à Cachy dans la Somme suite au combat de Villiers-Bretonneux (bataille de la Somme, Armée du Nord). Sa compagne s’installe à Anor, où vit la famille Aldevin, avec sa fillette de quatre ans.


« Pièce d’artillerie lourde française durant le siège de Parie 1870-1871 » 1872, Etienne-Prosper Berne-Bellecourt. Musée de l’Armée Hôtel National.

DAMPERON Aimé Augustin :
Né à au village d’Anor le 18 février 1850, il est le fils de Théophile et Catherine Damerose. Son père décède lorsqu’il a dix ans et sa mère se remarie avec Jean-Louis Philibert huit ans plus tard. Alors qu’il n’a pas vingt ans, Aimé s’engage volontairement pour deux ans. Il est supposé tué lors du siège de Paris, sa mère étant encore sans nouvelles de lui en mars 1876. Cette dernière décède en 1890.



DAUBERCIES Joseph
FRICOT César
GUERET Eugène
GOULART Camille
LAMART Louis
LAMART Victor
MEUNIER Jules Joseph
MEUNIER Melchior
DAUBERCIES Clovis Zéphirin

MEUNIER Melchior, Désiré
Né à Anor, rue d’Hirson, le 7 novembre 1847, il est le fils de Joseph dit tonton (°1818 Mondreduis – +1906 Avesnes) et de Victoire Berteaux. Il a à peine quinze ans, lorsque sa mère décède.
Melchior est un jeune homme châtain aux yeux bleus et mesure un mètre soixante-sept centimètres. Au moment du recrutement militaire en 1867, il est déclaré absent car il purge une peine de prison pour « fraude en matière de douane ». Il incorpore l’Armée du Nord et disparaît lors de la bataille de Saint-Quentin le 19 janvier 1871. Son père lui survit jusqu’en 1906.

Aquarelle d’André Marcy : Infanterie 1870

DAUBERCIES Clovis Zéphirin
Né à Anor, rue d’Urvin, le 4 novembre 1847, fils d’evangéliste et Henriette Folet. Il exerce le métier de scieur de long. Il part pour le 71e Régiment d’Infanterie le 20 octobre 1868, il décède aux îles d’Hyères dans le Var en 1871.


En 1921, un hommage est rendu à ces 21 soldats, suivi de l’inauguration du monument aux morts de la première Guerre Mondiale où sont inscrits les noms de 135 soldat et 9 civils. La cérémonie est décrite dans le Journal de Fourmies du 14 août 1921.

Archives départementales du Nord :
Tables décennales Anor : 1863-1872 3E TD 012/08 ; 1792-1873 – 1 Mi 188 R 000
Tables décennales Wignehies : 1813-1886 1 Mi 244 R 000
État civil d’Anor : NMD [1831-1854] -5 Mi 011 R 004 ; NMD [1855-1869] -5 Mi 011 R 005 ; MD [1870-1875] -5 Mi 011 R 005 ; MD [1876-1888] -1 Mi EC 012 R 002 ;
État civil de Wignehies : NMD [1861-1870] -5 Mi 011 R 031
Tables des états signalétiques et des services militaires : Avesnes 1865 1R 01750 ; Avesnes 1866 1R 1866 (absence) ; Avesnes 1867 1R 01757 ; Avesnes 1868 1R 01772 ; Avesnes 1869 1R 01787 ; Avesnes 1867 1R 1870 (absence) ; Avesnes 1871 1R 01815
Registres des matricules militaires Avesnes : 1867 volume 3 1R 1756 ; 1867 volume 1 1R 1764 ; 1870 volume 2 1R 1802

Sitographie :
http://guerre-1870-1871.geneafrancobelge.eu/
https://www.memorialgenweb.org/
https://armeehistoire.fr/
https://gallica.bnf.fr/




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Un fait divers

C’est difficile de choisir un fait divers tant ils sont par définition variés : vol, agression, incendie, accident de la circulation, du travail ou domestique. Voici un fait divers que j’ai sélectionné parmi les journaux régionaux, il regorge de détails sur les circonstances et les protagonistes, c’est une source d’information que les généalogistes familiaux se doivent d’exploiter.

Dans le journal de Fourmies, un hebdomadaire du Nord, les faits divers sont classés dans la rubrique « faits et méfaits ». Dans l’édition du 10 août 1936, nous trouvons dans cette rubrique trois événements, un accident de la rue, un accident du travail et une personne ayant une attitude particulière. Intéressons-nous au premier fait :

Marcelle Proisy, âgée de 40 ans, visiteuse à la Croix-Rouge conduit rue Flament, au tournant de la rue Victor Hugo, elle donne un coup de volant pour éviter un autre véhicule, et sa voiture butte contre le mur de clôture de l’établissement de bains-douches. Mademoiselle Proisy est blessée à la jambe, elle a la cuisse fracturée et se plaint de douleurs à la poitrine. Après quelques soins sur place, l’ambulancier l’a reconduite chez elle, rue Ninite.

Les anciens bains-douches de Fourmies, construits vers 1923-Google août 2018

Ce simple fait divers nous révèle l’identité de la victime, son âge, son adresse, son métier et le diagnostique médical, les personnes l’ayant secourue sont eux aussi nommés, mais aucune information sur l’autre véhicule.
Voyons comment on peut vérifier les informations données sur l’identité de la victime, grâce à d’autres sources. En consultant les journaux des semaines suivantes aucune nouvelle de Mademoiselle Proisy. Un journal daté du printemps de la même année nous indique que Marcelle Proisy travaille au dispensaire anti-tuberculeux de la Croix-Rouge. Dans le fichier des personnes décédées établis par l’INSEE, on trouve Marcelle, Marie Proisy née le 4 janvier 1896 à Anor et décédée le 22 février 1975 à Fourmies, cette personne était bien âgée de 40 ans en 1936. En consultant son acte de naissance, on apprend que cette dernière est la fille de Albert Proisy et Alice Larmier.
Dans le recensement de Fourmies en 1931, Marcelle Proisy n’habite pas rue Ninite, et il n’y a pas de recensement plus récent. A cette époque, il est fréquent qu’une femme non mariée réside chez ses parents. Après quelques recherches dans l’état-civil d’Anor, on peut lire que son père est décédé en 1904, Marcelle et sa mère résident à Anor en 1906 et 1911. Nous devons chercher quand la veuve et sa fille ont quitté Anor.

Une recherche dans le journal de Fourmies nous permet d’apprendre que les deux femmes quittent Anor en 1913, en effet une publication de l’étude de Maître Mercier, notaire, nous fait part de la vente d’une mercerie au profit de Mme Larmier veuve Proisy, au 45 rue Saint-Louis à Fourmies.


Nous retrouvons les deux femmes domiciliées à cette adresse dans le recensement de 1931. Il est noté qu’Alice Proisy Larmier est mercière et que sa fille Marcelle, née à Anor en 1896, est visiteuse pour la Croix-Rouge.

Recensement de Fourmies en 1931-AD 59-M 474 5/07

C’est donc bien cette personne qui, quelques années plus tard, sera victime d’un accident de la circulation. Elle a certainement déménagé entre-temps rue Ninite, cette adresse est confirmée par la lecture de son acte de décès.

Toutes les recherches dans la presse ont été faites sur https://gallica.bnf.fr/ , site gratuit de la Bibliothèque nationale de France.

13 et 14 mai

Ce week-end à Angers, l’Association Généalogique de l’Anjou fête ses 50 ans! N’hésitez pas à vous arrêter au stand d’EmmaGénéalogie, je vous accueillerai avec plaisir pour échanger autour de vos projets généalogiques.

Les cloches de l’église de Viviers-en-Charnie (2)

Nouvelle église, nouvelles cloches

En ce début de XXème siècle, Gervais Pirault est toujours le curé de la paroisse de Viviers-en-Charnie et exerce en l’église Saint-Léger. Cette dernière, d’après les écrits de l’instituteur du village dans la monographie communale de 1899 est « sans aucun ornement extérieur » et les statues à l’intérieur sont anciennes et « n’offrent que peu d’intérêt historique ». Datée du XIIIème siècle, le chœur est aussi large que la nef, et au milieu du toit s’élève le clocher, à base carrée. L’édifice religieux est démoli pour faire place à une nouvelle église construite entre 1904 et 1906.
C’est l’architecte Louis Garnier, inspiré par la chapelle Saint-Joseph-des-Champs, qui est chargé de la construction. Les murs sont en moellon chaînés de pierre de taille en calcaire marbrier. la toiture est en ardoise surmonté d’un clocher qui ne sera achevé qu’en 1909.
Le curé Pirault n’entendra pas sonner les nouvelles cloches de l’église puisqu’il décède le 19 mai 1908 après avoir servi à Viviers-en-Charnie pendant quarante ans
Le 22 février 1910, Mgr l’évêque de Laval bénit trois cloches pour la nouvelle église. Deux de ces cloches sont représentées sur des cartes postales : Albertine, Louise, Élisabeth, Marie de 300 kg sonne en si et Immaculée, Jule, Jeanne d’Arc, Léontine, Gervaise de 613 kg sonne en sol. Les deux ont pour parrain Marie-Achille Delogé, nouveau curé de Viviers-en-Charnie, la première a pour marraine Marie Dreux et la seconde Cécile Dumez.

Ces deux cloches sont l’œuvre de la fonderie Amédée Bollée du Mans, une famille qui réussira sa reconversion dans l’automobile.

Sources :
Archives Départementales de la Mayenne :
-Dénombrements de Viviers-en-Charnie : cote 6M460 [1881-1936]
-État civil de Viviers-en-Charnie : cotes 4 E 315/15 [1881-1890], 4 E 315/16 [1891-1900], 4 E 315/17 [1901-1910]
-Iconographie: cotes 5 Fi 241/9, 5 Fi 241/10
-Monographie communale de Viviers-en-Charnie 1899 : cote MS 80/9-10
Bibliothèque nationale de France :
-La Gazette de Château-Gontier du 31 mai 1908 page 2
-Journal officiel de la République française. Lois et décrets du 19 septembre 1906 pages 6382 et 6383
Bibliographie-Sitographie
-ANGOT Alphonse Abbé, GAUGAIN Ferdinand. Abbé, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, tome IV(supplément), 1909.
-www.patrimoine.paysdelaloire.fr

Les cloches de l’église de Viviers-en-Charnie (1)

Le glas, la cloche des morts

Église Saint-Léger à Viviers-en-Charnie (53)

Le glas est la sonnerie de cloche signalant la mort ou les obsèques d’une personne, le son est lent et peut durer plusieurs minutes. Mais depuis quelques temps les habitants de Viviers-en-Charnie, village mayennais d’environ 900 âmes, viennent régulièrement se plaindre au maire, Stanislas Mauny, que tous les défunts ne sont pas traités de la même manière lors des cérémonies funéraires dans l’église Saint-Léger. En effet un courrier du 14 juin 1871, adressé au préfet de la Mayenne par le maire relate les faits reprochés au curé du village :

Recto :
« Viviers-en-Charnie, le 14 juin 1871
Monsieur Le Préfet
Depuis mon arrivée à Viviers, les habitants viennent
continuellement se plaindre, de la manière dont Mr le curé
agit à leur égard.
Depuis longues années, pour l’enterrement des pauvres de
la commune, aussi bien que pour les familles riches, les deux
cloches sonnaient sans distinction de rang. Monsieur le
Curé, Depuis ce mois environ, a cru devoir réformer les
anciennes habitudes et ne sonner qu’une cloche pour l’enterre-
ment des Malheureux. Ces derniers viennent journellement
se plaindre de ce que je ne demande pas d’explications à
Monsieur le Préfet, à ce sujet. Selon moi Mr le
Curé aurait dû continuer les anciennes habitudes, et
la manière d’agir de son prédécesseur.
Ne voulant pas être en désaccord avec les habitants de
ma commune, je viens vous prier, Monsieur Le Préfet, de
me prêter votre concours, et de m’autoriser, ou du moins de
prier Mr Le Curé, d’agir envers les pauvres, comme il le

Verso :
faisais anciennement, c’est à dire il y a environ 6 mois
comptant que vous donnerez plein droit à ma
réclamation.
Recevez, Monsieur Le Préfet, les sincères
salutations de celui qui a l’honneur d’être
Votre très humble et obéissant serviteur,

Le maire de Viviers
Mauny »

Stanislas Mauny, né à Torcé-en-Charnie en 1834, exerce la fonction de maire depuis 1865. Il est rentier et habite dans le bourg au château du Verger. Marié avec Marie Barnier en 1870 à Privas, il y est recensé en 1872. Il semble que Stanislas Mauny fasse des aller-retours entre ses deux résidences.
Le curé Gervais Pirault est originaire de Bourgon, fils de cultivateur, il est ordonné prêtre en 1854 à l’âge de 28 ans. Après avoir été vicaire à Saint-Pierre-la Cour et Vautortes, il devient curé de Viviers-en-Charnie en 1868 suite au départ de son prédécesseur vers une autre paroisse.

La réponse du préfet ne se fait pas attendre, elle est datée du 16 juin et s’adresse directement au curé de la paroisse :

« Laval, le 16 juin 1871
Monsieur le Curé, (de Viviers en Charnie)
Il résulte de réclamation qui me sont adressées,
que, contrairement aux usages suivi par vos
prédécesseurs, une seule des deux cloches de Viviers
-en-Charnie sonnerait à l’occasion de l’enterrement
des malheureux de cette paroisse.
Je vous serai reconnaissant, M. le Curé, de
vouloir bien me faire connaître si les
réclamations dont il s’agit sont fondées »


S’en suit des échanges de courrier entre le curé, appuyé par l’évêque de Laval, et le préfet.

Extrait du courrier de l’Évêque Casimir Wicart au Préfet daté du 26 juin
« […] en établissant une différence quant à la
sonnerie des cloches, entre les diverses classes de
sépulture, cet ecclésiastique n’a fait que se
conformer à l’usage général du Diosèce […] »

Courrier du curé adressé le 27 juin au Préfet de la Mayenne






«  Monsieur le Préfet,

Je pourrais opposer une plainte très fondée
à celle qui vous a été indûment adressée contre moi.
Mais j’aime mieux me borner à rétablir, dans toute sa
vérité, le fait contre lequel on a réclamé.
Il existe, pour l’usage du diocèse, un tarif des droits
casuels approuvé par le gouvernement. Ce tarif établit
quatre classes de sépultures. Comme chacune de ces classes
se distingue par le degré de pompe qui lui est attribué
il a paru aussi naturel que légitime de faire à Viviers
ce qui, avec l’approbation de Mgr de Laval, s’est fait
partout ailleurs, c’est-à-dire régler la sonnerie des cloches
sur le degré de la solennité des sépultures.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Préfet
avec profond respect
votre très humble serviteur
Viviers 27 juin 1871
Pirault, curé »

Le 27 juin, la préfecture répond au maire de Viviers en approuvant les écrits de l’évêché de Laval. Le maire ne semblait donc pas connaître les conventions quant à la cérémonie religieuse de l’enterrement de la plus basse classe, celle réservée aux indigents dispensée gratuitement par l’église.
Dix ans plus tard, le maire décède à Paris âgé de 46 ans, il est enterré auprès de sa femme au cimetière du Père Lachaise. Le jour de son décès, le curé Pirault a-t-il demandé au sacristain, François Richet, de sonner le glas pour annoncer son décès à ses administrés?

Sources :
Archives Départementales de la Mayenne :
-Dénombrements de Viviers-en-Charnie : cotes 6M459 [1841-1876], 6M460 [1881-1936]
-État civil de Viviers-en-Charnie : cotes 4 E 315/13 [1861-1870], 4 E 315/14 [1871-1880], 4 E 315/15 [1881-1890]
-État civil de Torcé-en-Charnie : cote 4 E 305/12 [1831-1840]
-État civil de Bourgon : cote E dépot 32/E12 [1823-1827]
-Sonneries de Cloches : cote 2 V 53
Archives de Paris :
-État civil de Paris 11ème arrondissement : cote V4E 4057 [05/1881-08/1881]
-Registre journalier d’inhumation du cimetière du Père Lachaise : cote CPL_RJ18801981_02 [1881]
Bibliothèque nationale de France :
-La Gazette de Château-Gontier du 31 mai 1908 page 2
-Journal officiel de la République française. Lois et décrets du 19 septembre 1906 pages 6382 et 6383

La transmission des armoiries

L’origine de l’héraldique provient des emblèmes ou armoiries des combattants de tournois médiévaux qui devaient être reconnus par les hérauts lorsqu’ils les décrivaient en début de combat. Ceux-ci veillaient à faire respecter les règles de combat mais aussi à répertorier les blasons personnalisés. Ensuite les armoiries servirent à l’ identification des documents grâce aux sceaux et aux bagues gravées à cacheter, à décorer certains objets du quotidien ou les demeures autant à l’extérieur (blason gravées sur la pierre) qu’à l’intérieur en les représentant peintes sur les murs. Bref, le blason est une façon de signer ce qui nous appartient, une décoration, une marque pour l’artisan, c’est une création personnelle représentant des valeurs.

Arcade au dessus du gisant de Charles Ier de Croÿ, collégiale de Chimay

Le langage héraldique répond à des codes et un vocabulaire précis permettant à tous de reproduire un blason sans contrainte artistique, seule la description du blason doit être respectée. La forme du blason est géométrique (comme un bouclier) pouvant être écartelé (partition) ou séparé par une autre pièce géométrique (chevron, croix…), il est décoré de figures qui sont appelées meubles (animaux, végétaux, objets…) dont les places sont libres.
Suivant sa représentation, le blason sera coloré de blanc ou de jaune (des métaux correspondant à l’argent et l’or) et de couleurs : azur, gueules (rouge), sinople (vert), sable (noir), naturel (couleur naturelle de l’élément représenté). En gravure ou représentation dichromatique, les écus et meubles sont hachurés de différentes manières pour codifier les émaux, la seule règle étant de ne pas superposer deux métaux ou deux couleurs.

Les blasons sont transmissibles de génération en génération, la famille de Croÿ, attachée à la principauté de Chimay en Belgique possède un blason :

D’argent, à trois fasces de gueules
Le fond du blason est blanc (d’argent),séparé par 3 bandes horizontales (fasces) rouges (de gueules)

Armes primitives de la famille de Croÿ au XIIIème siècle

Le blason de la famille de Croÿ figure en tête de ces illustrations du château de Chimay et du village d’Anor dans l’Avesnois : gouaches sur parchemin réalisées entre 1598 et 1602 par le peintre Adrien de Montigny, issues des albums commandés par Charles II de Croÿ.

Cet écu va s’enrichir au cours des siècles par l’ajout des blasons des épouses ou la modification par des descendants souhaitant le personnaliser.
La généalogie suivante montre différentes possibilités de variations (brisures) tout en conservant la représentation primitive de la famille de Croÿ, qui transmet son blason en même temps que son patronyme.

Jean de Croÿ a assemblé le blason de ses parents pour fonder le sien, en même temps qu’il fonde la Maison de Croÿ-Renty :
Écartelé : aux 1 et 4, d’argent, à trois faces de gueules ; aux 2 et 3, d’argent à trois doloires de gueules, les deux du chef adossées.

Jean II de Croÿ, 3ème , fils du précédent et de Marguerite de Craon a utilisé les armes de la famille de son grand-père maternel : un écu écartelé au premier et dernier losangé d’or et de gueules qui est de Craon, au deuxième et troisième d’or au lion rampant de sable qui est de Flandre. Cet écu lui a été transmis de sa mère en inversant les places des armes des de Craon avec celle de Flandre. Il a été placé au centre de celui de la famille de Croÿ-Renty :
Écartelé: aux 1 et 4, d’argent, à trois fasces de gueules (de Croÿ) ; aux 2 et 3, d’argent, à trois doloires de gueules, les deux du chef adossées (de Renty); sur le tout écartelé, aux 1 et 4, d’or au lion de sable (de Flandre) ; aux 2 et 3, losangé d’or et de gueules (de Craon)
Chevalier de la Toison d’Or (1430), Grand Bailly du Hainault de 1434 à 1456, il rachète la seconde part de Chimay au Duc de Bourgogne en 1445, Jean II de Croÿ devient comte de Chimay en 1473.

Le fils de Jean II, Philippe de Croÿ, comte de Chimay, Grand Bailly du Hainault, Chevalier de la toison d’Or (1473) prend les armes de son père, qu’il transmet à sa mort à son fils aîné Charles en 1483. Le blason n’a pas été modifié pendant deux générations.

En 1486, Charles de Croÿ devient le premier Prince de Chimay en récompense à sa fidélité envers Maximilien d’Autriche. Il est fait Chevalier de la Toison d’Or en 1491. Il agrémentera le blason familial d’une bordure azur, ses armes se blasonnent ainsi :
Écartelé: aux 1 et 4, (de Croÿ); aux 2 et 3, de (de Renty); sur le tout écartelé, aux 1 et 4, (de Flandre) ; aux 2 et 3 (de Craon) les armes brisées d’une bordure d’azur chargée de douze besants d’argent.

Charles de Croÿ a eu en 1502 de son mariage avec Louise d’Albret une fille Anne qui épousa son cousin Philippe de Croÿ, Sire de Croÿ, Chevalier de la Toison d’Or. A la mort de son beau-père, il devient le 2ème Prince de Chimay et Philippe II de Croÿ repris les armes de la Maison de Croÿ :
Écartelé : aux 1 et 4, d’argent, à trois faces de gueules ; aux 2 et 3, d’argent à trois doloires de gueules, les deux du chef adossées.

Ces armes sont transmises à Charles II de Croÿ, fils de Philippe II de Croÿ, qui n’a pas de descendance.

Cet arbre montre qu’il y a une grande liberté dans l’évolution du blason familial, les femmes ne le brisant pas systématiquement avec leur blason et les descendants n’apportant que de légères modifications, il est dans ce cas facile d’identifier la lignée. Mais ce n’est pas toujours aussi simple lorsqu’il faut faire la généalogie ascendante d’un blason comme celui-ci :

Blason de la famille de Croÿ-Solre :
Écartelé : au 1 et 4, contre-écartelé a) et d) d’argent, à trois fasces de gueules (de Croÿ), b) et c) d’argent, à trois doloires de gueules, les deux du chef adossées et posées l’une en bande, l’autre en barre, celle de la pointe posée en bande (de Renty) ; au 2, contre-écartelé a) et d) d’azur, à trois fleurs-de-lis d’or (de France), b) et c) de gueules plein (d’Albret), sur le tout d’hermine (de Bretagne); au 3, contre-écartelé a) et d) d’or au lion de sable (Flandre), b) et c) losangé d’or et de gueules (Craon). Sur le tout de l’écusson écartelé de Croÿ et de Renty.

Sources iconographiques :

Extraits des « albums de Croix » d’Adrien de Montigny commandés par Charles de Croix : gouaches sur parchemin (50x40cm) reliées en album-1598 à 1602 – Tome 1 : Couverture et Le Château de Chimay, Tome 2 : Le villaige Davnort 
« Messire Jean de Croÿ Seigneur de Tour sur Marne », Feuillet recto et verso-DURIEZ, Le Blason des Armoiries de tous les chevaliers de l’Ordre de la Toison d’or depuis la première institution, jusques à présent (283 dessins) : aquarelles Duriez 1828
« Messire Philippe de Croÿ Comte de Chimay», Feuillet recto et verso-DURIEZ, Le Blason des Armoiries de tous les chevaliers de l’Ordre de la Toison d’or depuis la première institution, jusques à présent (283 dessins) : aquarelles Duriez 1828
« Messire Charles de Croÿ Prince de Chimay. Viscomte de Limoges », Feuillet recto et verso-DURIEZ, Le Blason des Armoiries de tous les chevaliers de l’Ordre de la Toison d’or depuis la première institution, jusques à présent (283 dessins) : aquarelles Duriez 1828
« Messire Philippe de Croÿ Duc d’Arschot, Prince de Chimay, Comte de Porcean et de Sinneghen. », Feuillet recto et verso-DURIEZ, Le Blason des Armoiries de tous les chevaliers de l’Ordre de la Toison d’or depuis la première institution, jusques à présent (283 dessins) : aquarelles Duriez 1828
« Blason de la famille de Croÿ-Solre » : Image réalisée par Jimmy NICOLLE, Montbert, pour le projet Blasons du wikipédia francophone
Armoiries de Croy, de Renty, de Craon, de Lalaing : Emmanuelle Decrand avec les logiciels Héraldique et Inkscape-2019

Bibliographie :
ARCHASAL, Pierre-Valéry, L’ABCdaire de la Généalogie, Paris, Flammarion, 2000, « collection L’ABCdaire », 119 pages.
Armorial de l’Europe et de la Toison d’or, manuscrit ayant appartenu au Marquis Antoine René d’Argenson, 1401-1500, 167 feuillets Bibliothèque de l’Arsenal, Ms-4790 réserve.
DE COURCELLES, Jean Baptiste, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France…,Volume 8, Paris,1828,30 pages [p 11-16,36-49, 57-88] 
DURIEZ, Le Blason des Armoiries de tous les chevaliers de l’Ordre de la Toison d’or depuis la première institution, jusques à présent (283 dessins) : aquarelle Duriez 1828
PASTOUREAU, Michel, Figures de l’héraldique, Paris, Gallimard, 1996, « collection découverte », 144 pages.
PASTOUREAU, Michel, Couleurs, image, Symboles, Études d’histoire et d’anthropologie, Paris, Le léopard d’Or, après 1987, 291 pages.
PASTOUREAU Michel, Simonnet Dominique, Le petit livre des couleurs, Paris, Points – Édition du Panama, 2005, Collection « Points Histoire »