Ernest Lemeunier naît le 29 avril 1871, place du Champ de Foire aux Chevaux à Evron. Ses parents René et Mélanie tiennent un café. Dans un premier temps, le jeune garçon exerce le métier de clerc de notaire comme son frère aîné. A l’automne 1891, Ernest se présente à la mairie d’Evron et s’engage pour 3 ans. A son retour, il épouse Augustine Folliot originaire de Meslay, elle est la fille d’un buraliste. Le couple s’installe rue de Saint-Gemmes à Evron où naît leur fille Renée. Ernest crée son entreprise d’imprimerie et de librairie, rue des Porches (actuellement place de la Basilique), la famille vient loger dans cette même rue. Ernest Lemeunier édite des cartes postales d’Evron en couleur. Il imprime à la demande de ses clients divers documents. En 1898, Ernest est condamné à 16 francs d’amende pour injures et diffamation envers un député. Il avait imprimé une affiche commandée par « un groupe républicain d’Evron » et avait inscrit « Lemeunier imprimeur » au bas du document.





En juillet 1904, Augustine accouche d’un fils, prénommé Ernest comme son père. Mais à l’automne 1906, l’enfant décède au domicile familial. C’est à cette période que l’imprimeur ne semble plus payer ses factures, les huissiers se pressent à la porte de l’imprimerie. Lors d’une audience en octobre 1906, un papetier parisien, par l’intermédiaire de son avocat, demande à être payé des 650 Francs de marchandises livrées à M. Lemeunier. Ce dernier ne s’étant pas présenté à l’audience pour s’expliquer, le tribunal condamne l’imprimeur à payer 675 Francs. Des intérêts sont dû à hauteur de 5 % par an, depuis la date où M. Lemeunier aurait dû payer le marchand de papier. Il est aussi condamné à payer les 26 Francs de frais de justice.

En décembre 1907, les éditeurs créanciers de M. Lemeunier sont représentés au tribunal de Laval. Me Trébous, au nom de l’imprimeur, explique que celui-ci a proposé par l’intermédiaire de son notaire une liquidation amiable à ses créanciers et que ces derniers ont refusé. M. Lemeunier attend de bénéficier d’une succession qui n’est toujours pas ouverte. Les demandeurs lassés d’attendre insistent pour qu’une solution soit trouvée.

« Pour ces motifs : en présence de Me Trébous, son mandataire verbal, déclare à la requête des srs Hachette
et Depelley le sieur E. Lemeunier susnommé en état de faillite dont il fixe provisoirement l’ouverture
au douze juillet mil neuf cent sept date de l’assignation donnée par Hachette et Compagnie ; en conséquence,
déclare ledit sr Lemeunier dessaisi de l’administration de tous ses biens ainsi que de tous ceux qui pourront
lui advenir tant qu’il sera en état de faillite ; nomme Mr Duchemein, l’un des membres de ce tribunal juge
commissaire de la dite faillite et Mr Joseph Fontaine ancien avoué demeurant à Laval rue de Nantes N°7
seul syndic provisoire ; dispense provisoirement le failli de l’incarcération ; ordonne l’apposition immé-
diate des scellés sur tous les avoirs mobiliers du failli ; dit que Mr le Juge de Paix du Canton d’Evron sera
de suite par voie du Greffe informé de cette décision ; dit que dans les vingt-quatre heures extrait du pré-
sent jugement sera par les soins du greffier transmis à Mr le Procureur de la République à Laval ;
ordonne que toutes les lettres qui pourront être adressées au failli seront par les soins de l’administration
Générale des Postes transmises au syndic susnommé de la dite faillite qui pourra appeler Lemeunier à leur suite ;
dit enfin que le présent jugement sera exécuté selon sa forme et teneur nonobstant opposition ou appel
conformément à la loi ; ordonne la levée, l’affiche à l’auditoire et l’insertion par extrait dans le
journal La Mayenne du présent jugement dont le coût, ainsi que tout ce qui en sera la conséquence
entrera en frais privilégiés de faillite. »

Quinze jours plus tard, le 24 décembre 1907, le tribunal déclare que la faillite est fixée au 8 septembre 1906, date de l’assignation du papetier parisien. À cette même date, M. Lemeunier est considéré en cessation de paiement. Le tribunal considère qu’aucun de ses créanciers ne pouvait l’ignorer, cette situation désespérée était bien de notoriété publique.
Le tribunal confirme Me Joseph Fontaine dans sa fonction de syndic et lui confère tout pouvoir nécessaire et d’usage pour gérer et administrer les affaires de la faillite de M. Lemeunier. Le tribunal ordonne l’affichage à l’auditoire et l’insertion par extrait dans le journal « La Mayenne » du présent jugement.

Un mois avant la décision du tribunal, la famille a déménagé au 6 rue de Sainte-Gemmes où Augustine met au monde un garçon appelé Jean.
Les conséquences de la faillite se prolongent durant l’année 1908.
En mai une demande de séparation de biens est faite par Augustine. Cette séparation de biens entre les époux Lemeunier est prononcée le 2 juillet par le tribunal de Laval. Ce jugement est inséré dans le journal « La Mayenne » du 12 juillet.

Les parents d’Ernest Lemeunier décèdent, son père en janvier et sa mère en juillet. Le frère aîné d’Ernest étant décédé en 1894 sans enfants, il devient le seul héritier.
Depuis la clôture des vérifications des créanciers le 5 février 1908, un grand nombre de créanciers se sont fait connaître. À la fin octobre 1908, il est donc prononcé la réouverture du procès-verbal de la vérification des créances. Ceci est possible tant que la faillite n’est pas close.

Enfin, en février 1909, M. Duchemin juge du siège, commissaire à la faillite d’Ernest Lemeunier, ancien imprimeur libraire à Evron, prenant en considération les motifs qui ont amené la mise en faillite de M. Lemeunier, le déclare excusable dans sa faillite. Le juge ordonne que ce jugement soit affiché et inséré dans le journal « La Mayenne ».

La famille Lemeunier quitte Evron où plus rien ne la retient et va s’installer à Rennes. Ernest Lemeunier exerce le métier d’agent d’affaires. Il décède deux ans plus tard, laissant Augustine devenue secrétaire, élever seule leurs enfants.
Sources :
État civil Archives départementales de la Mayenne (AD 53) : 4 E 112/31 ; 4 E 112/38 ; 4 E 112/41 ; 4 E 112/42 ; 4 E 112/45 ; 4 E 112/47 ;
Fiche matricule militaire Archives départementales de la Mayenne (AD 53) : 813 R 1382
Recensements Archives départementales de la Mayenne (AD 53) : 6 M 192 ; 6 M 193 ; 6 M 194
Cadastre 1837 Archives départementales de la Mayenne (AD 53) : 3 P2692/24
Annuaire M. Lelièvre 1901 Archives départementales de la Mayenne (AD 53) : 3 PE 496/1901
Tables des successions et absences Archives départementales de la Mayenne (AD 53) : 123 Q 68
Collection de photographies sur cartes postales Archives départementales de la Mayenne (AD 53) : 5 FI 92/22 ; 5 FI 92/21 ; 5 FI 92/107 ; 5 FI 92/118 ; 5 FI 92/129
Registres des audiences du tribunal de commerce de Laval de 1906 à 1910 Archives départementales de la Mayenne (AD 53) : U 7605 ; U 7605
Actes de société affichés 1908 Archives départementales de la Mayenne (AD 53) : U 12045/01
https://archives.lamayenne.fr/page/chercher
État civil Archives de la ville de Rennes (35) : 4 E 120
Recensement de la ville de Rennes (35) 1911 : 1 F 103
https://www.archives.rennes.fr/
Site de la presse ancienne de la BnF : annonces du journal « La Mayenne »
https://www.retronews.fr/