Le 19 mai 1940 les Panzer sont à Arras, le même jour à 17 heures Cambrai tombe dans les mains des Nazis entraînant la fuite des civiles. Dans le petit village de Sancourt, situé entre ces deux agglomérations, des familles décident de prendre la route vers le sud à la tombée de la nuit. Au bout de 30 kilomètres, elles s’arrêtent dans une ferme à Ervillers pensant être plus à l’abri que dans leur village. Mais les bombardements du 20 mai tuent six d’entre eux :
- BRICOUT Lucien, 53 ans, ouvrier agricole
- CUVILLIEZ Edmond, 63 ans, cultivateur (monument d’Ecoust-Saint-Mein)
- MAZIJ Bartlomiej, 51 ans, ouvrier agricole
- LEBLANC Achille, 60 ans, bourrelier
- HOCQUET Joseph, 67 ans, cultivateur
- TELLIEZ Joseph, 71 ans, cultivateur


Témoignage de Catherine Telliez âgée de 29 ans en 1940, épouse de Louis Telliez (fils de Joseph Telliez décédé lors du bombardement) demeurant route Nationale à Sancourt :
« Le 19 mai 1940, à l’approche de la nuit, ces personnes ont évacué Sancourt avec moi. Le lendemain 20 dans le courant de l’après-midi, alors que nous nous trouvions à Ervillers (Pas de Calais) dans la cour d’une des fermes de ce village, nous avons été bombardés par les alliés au cours duquel plusieurs personnes ont été tués… »
Témoignage de Simone Leblanc âgée de 36 ans au moment des faits, fille de Achille Leblanc, bourrelier, décédé lors du bombardement, demeurant à la Forge à Sancourt :
« Le 20 mai 1940 après avoir quitté la commune de Sancourt, je me trouvais avec la famille Telliez, cultivateur à Sancourt et ses ouvriers dans une des fermes de la commune d’Ervillers lorsque l’aviation alliée a bombardé l’ennemi qui était arrivé depuis peu dans le village. Six personnes de notre groupe ont été tués par des éclats de bombe… »
Témoignage d’Alexandre Erouard, 41 ans instituteur et secrétaire de la mairie d’Ervillers au moment des faits :
« Lors du bombardement d’Ervillers, cet homme [Lucien Bricout] faisait parti des réfugiés cantonnés dans une maison cise en bordure de la route nationale N°37 qui a été bombardée par l’aviation anglaise. Cet homme n’avait probablement de pièces d’identité sur lui, car il a été enterré comme inconnu ; son nom a été connu vers le 20 décembre 1940 quand son beau-frère, monsieur CAUVIN (Georges) est venu le reconnaître. Je ne connais aucun témoin de ce drame… »
Témoignage de Paul Lemaire, 47 ans cultivateur demeurant à Ervillers, route Nationale N°37
« Le 20 mai 1940, un bombardement a eu lieu dans la commune d’Ervillers. Un certain nombre de réfugiés, qui étaient arrivés la veille, et qui logeaient dans une maison en bordure de la route Nationale N°37 furent tués. Je ne puis vous dire, si le nommé BRICOUT (Lucien) se trouvait parmi les victimes, car bien que j’ai aidé à enterré ces personnes, je ne me suis pas occupé de retirer les pièces d’identité ; ce travail a été effectué par l’adjoint au maire Monsieur MANIER, actuellement décédé. »
Ces témoignages sont issus du dossier de victime civile de Lucien Bricout. En 1945, son beau-frère qui s’occupait de ses trois enfants mineurs, avait sollicité la reconnaissance de son décès comme « Mort pour la France ». Ensuite il a entrepris les procédures pour que ces neveux soient reconnus pupilles de la Nation.

Sources :
État civil et Recensement de Sancourt, Wambaix… :
https://archivesdepartementales.lenord.fr/
État civil et Recensement d’Ervillers :
https://www.archivespasdecalais.fr/
Dossier de victime civile de Lucien Bricout :
Service historique de la Défense, Caen- Cote : AC 21 P 319094
Site de la presse ancienne de la BnF :
https://www.retronews.fr/
Site MémorialGenWeb :
https://www.memorialgenweb.org/