Un fait divers

C’est difficile de choisir un fait divers tant ils sont par définition variés : vol, agression, incendie, accident de la circulation, du travail ou domestique. Voici un fait divers que j’ai sélectionné parmi les journaux régionaux, il regorge de détails sur les circonstances et les protagonistes, c’est une source d’information que les généalogistes familiaux se doivent d’exploiter.

Dans le journal de Fourmies, un hebdomadaire du Nord, les faits divers sont classés dans la rubrique « faits et méfaits ». Dans l’édition du 10 août 1936, nous trouvons dans cette rubrique trois événements, un accident de la rue, un accident du travail et une personne ayant une attitude particulière. Intéressons-nous au premier fait :

Marcelle Proisy, âgée de 40 ans, visiteuse à la Croix-Rouge conduit rue Flament, au tournant de la rue Victor Hugo, elle donne un coup de volant pour éviter un autre véhicule, et sa voiture butte contre le mur de clôture de l’établissement de bains-douches. Mademoiselle Proisy est blessée à la jambe, elle a la cuisse fracturée et se plaint de douleurs à la poitrine. Après quelques soins sur place, l’ambulancier l’a reconduite chez elle, rue Ninite.

Les anciens bains-douches de Fourmies, construits vers 1923-Google août 2018

Ce simple fait divers nous révèle l’identité de la victime, son âge, son adresse, son métier et le diagnostique médical, les personnes l’ayant secourue sont eux aussi nommés, mais aucune information sur l’autre véhicule.
Voyons comment on peut vérifier les informations données sur l’identité de la victime, grâce à d’autres sources. En consultant les journaux des semaines suivantes aucune nouvelle de Mademoiselle Proisy. Un journal daté du printemps de la même année nous indique que Marcelle Proisy travaille au dispensaire anti-tuberculeux de la Croix-Rouge. Dans le fichier des personnes décédées établis par l’INSEE, on trouve Marcelle, Marie Proisy née le 4 janvier 1896 à Anor et décédée le 22 février 1975 à Fourmies, cette personne était bien âgée de 40 ans en 1936. En consultant son acte de naissance, on apprend que cette dernière est la fille de Albert Proisy et Alice Larmier.
Dans le recensement de Fourmies en 1931, Marcelle Proisy n’habite pas rue Ninite, et il n’y a pas de recensement plus récent. A cette époque, il est fréquent qu’une femme non mariée réside chez ses parents. Après quelques recherches dans l’état-civil d’Anor, on peut lire que son père est décédé en 1904, Marcelle et sa mère résident à Anor en 1906 et 1911. Nous devons chercher quand la veuve et sa fille ont quitté Anor.

Une recherche dans le journal de Fourmies nous permet d’apprendre que les deux femmes quittent Anor en 1913, en effet une publication de l’étude de Maître Mercier, notaire, nous fait part de la vente d’une mercerie au profit de Mme Larmier veuve Proisy, au 45 rue Saint-Louis à Fourmies.


Nous retrouvons les deux femmes domiciliées à cette adresse dans le recensement de 1931. Il est noté qu’Alice Proisy Larmier est mercière et que sa fille Marcelle, née à Anor en 1896, est visiteuse pour la Croix-Rouge.

Recensement de Fourmies en 1931-AD 59-M 474 5/07

C’est donc bien cette personne qui, quelques années plus tard, sera victime d’un accident de la circulation. Elle a certainement déménagé entre-temps rue Ninite, cette adresse est confirmée par la lecture de son acte de décès.

Toutes les recherches dans la presse ont été faites sur https://gallica.bnf.fr/ , site gratuit de la Bibliothèque nationale de France.

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