Les meuniers du moulin de Lisle (2)

En avril 1741, François Taburet et sa jeune épouse, Françoise Baguelin, s’installent dans le moulin mais ils sont surpris par l’état délabré dans lequel la veuve Amiard l’a laissé. Dès le lendemain matin, avec le Seigneur Philippe-René de Lisle, représenté par François René Thoumin de Bouillon, ils font établir un procès verbal par le notaire royal au Maine, pour constater les « démolitions et degraduations commis sur le moulin par Marie Fourmy épouse du deffunt Urbain Amiard ». Deux experts sont présents : Réné Pacory meunier de Marcillé nommé par François Taburet et René Pichard meunier au moulin de Brives de la paroisse de Notre Dame de Mayenne choisi par Marie Fourmy.

Après avoir visité le moulin, les experts énumèrent les différentes pièces détériorées empêchant le bon fonctionnement, les parties cassées étant à la charges de Marie Fourmy, celles usées à la charge du propriétaire. Les détériorations et le manque d’entretien des bâtiments sont ensuite décrits : absence de serrure, de volet, de châssis à certaines fenêtres, la trappe et l’échelle du grenier ont disparu, l’escalier de bois est vétuste, et les deux meuniers précisent qu’il faudrait « quatre journées d’homme » pour combler les cavités du sol des deux habitations. Les deux portes de l’écurie sont usées et ne s’attachent qu’avec des cordes.

Les experts notent aussi que le four est tombé en ruine, Marie Fourmy atteste ne pas s’en être servi et donc qu’elle ne peut être responsable de ces dégâts mais François Thoumin soutient que le four est tombé en ruine parce qu’il n’a pas servi. La palissade du jardin de devant est presque toute « emportée » ainsi que la haie, Marie Fourmy se défend, elle explique que cela a été emporté l’hiver dernier par les eaux. René Pacory et René Pichard ont continué leur visite sur les terres attenantes au moulin et ont estimé à plusieurs journées de travaux pour réparer les haies à l’automne. La veuve Amiard se voit condamnée à payer 120 sols à François Taburet, elle règle ses dettes le jour même ainsi que les frais occasionnés par le procès verbal.

  1. que le four du dit lieu est tombé et en ruine et hors d’état de servir
  2. et qu’il faut qu’il soit refait de neuf ; et comme la ditte veufve
  3. ou son mary ne l’ont point chaufé et ne s’en sont point servy
  4. pendant leur jouissance pour quoy le dit fr. Thoumin a soutenu et
  5. pretend que la ditte veufve amiard est obligée de le rectifier
  6. a neuf a ses depends faute pour elle de s’en être servy ; la dite
  7. veufve nous a déclaré quelle n y est pas obligée attendu qu’il ne leur
  8. a pas esté mis en état lors de leur jouissance, …..

Les Taburet restent douze années dans le moulin de Lisle durant lesquelles, Françoise donne naissance à sept filles et aucun garçon. Le couple a renouvelé une fois le bail puis la famille part s’installer au moulin du Champs à Ambrières avec les quatre fillettes qui ont survécus à la forte mortalité infantile.

Le seigneur Philippe-René de Lisle décède en 1747, son frère Charles, ecclésiastique, hérite de la seigneurie mais n’en profite que quelques mois puisqu’il décède au château de Lisle le six décembre de la même année. Leur sœur Catherine-Anne de Lisle âgée de soixante-trois ans devient alors l’héritière de toutes les terres de l’Isle-du-Gast, durant vingt ans c’est avec elle que les baux du moulin de Lisle sont signés.

De gueules à une croix d’argent frettée d’azur.

Blason de René de Lisle du Gast, extrait de l’Armorial de France d’Hozier

La famille Pacory vient s’installer au moulin en 1753, quatre générations de meuniers vont se succéder pendant un siècle…
A suivre, les meuniers Pacory, Lemonnier etc… Pensez à vous abonner au site ou à la page FB

  • POINTEAU Ch Abbé, Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, Laval, 1891, 648 pages [p 384 à 386]
  • ANGOT Alphonse Abbé, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, tome I à II, 1900 à 1906. http://angot.lamayenne.fr/
  • ANGOT Alphonse Abbé, GAUGAIN Ferdinand. Abbé, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, tome IV(supplément), 1909. http://angot.lamayenne.fr/
  • Archives Départementales de la Mayenne https://chercher-archives.lamayenne.fr/ Série E. État civil de Ambrières de 1700 à 1756 (E dépôt 2/E1 à E depôt 2/E7) ; état civil de Oisseau de 1741 à 1742 (E dépôt 127/E14) ; état civil de Saint-Fraimbault-de-Prières de 1705 à 1762 (4E 252/2, 4E 252/3).
  • D’HOZIER Charles-René, Volumes Reliés du Cabinet des titres. Armorial général de France XXXIII Tours, I, 1701-1800 page 403
  • Archives Départementales de la Mayenne : Série J. Seigneurie de Lisle 140J19 ; Baux du moulin de Lisle 140J26.

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